Teknival du 1er mai 2004 90 000 teuffeurs sur la piste du Teknival de Chambley Enorme succès pour le festival qui s’est déroulé sans incidents. Au matin du 1er mai, des odeurs de bière, de shit et de merguez flottent sur les 250 hectares de l’ex-base aérienne de l’Otan de Chambley (Meurthe-et-Moselle). La deuxième nuit du premier Teknival légal de l’année a été longue. Il y a des regards hagards et des corps écroulés à même le tarmac dans des positions invraisemblables, à quelques mètres seulement des murs d’enceintes. Les 130 sound systems se sont étalés tout au long de la piste principale. Soixante mille « teuffeurs » ont déjà pris possession des lieux. Ils seront 80 000 dans la nuit de samedi à dimanche et près de 90 000 au total à être passés par la Lorraine depuis jeudi soir. Soit 40 000 de plus que lors du premier teknival légal organisé à Marigny-le-Grand (Marne) l’année dernière. « Les gens viennent, ils aiment et ils reviennent », commente Lionel Pourtau, membre du collectif des sound systems, qui assure la médiation entre les teuffeurs et les autorités. Son ami Benoît Massard s’étonne, lui, de l’absence du ministre de la Culture : « En termes d’affluence, c’est quand même la plus grande manifestation culturelle depuis le début de l’année ! » En fin d’après-midi, le préfet Jean-François Cordet dresse un bilan aux allures de satisfecit : pas d’incidents, pas de problèmes médicaux (59 personnes évacuées vers les hôpitaux de la région au cours du week-end, essentiellement pour de grosses fatigues et des blessures au pied) et pas de plaintes des riverains. Un éleveur du village le plus proche des murs d’enceintes a bien expliqué à la télévision que ses vaches charolaises étaient perturbées par les rythmes techno, mais les anciens ont fait remarquer au préfet que « du temps des Américains, il y avait un autre bruit que celui qu’on a aujourd’hui ». Au soleil couchant, le général Marc Watin-Augouard, alias « Monsieur Teknival » du ministère de l’Intérieur, se lance dans une visite de la base. Pipe à la bouche, il slalome entre les canettes de bière soigneusement empilées et les jeunes en treillis, guidé par Lionel Pourtau. Le conseiller ministériel et le technoïde semblent sur la même longueur d’ondes : le Teknival de Chambley est bien organisé, mais le gigantisme du rassemblement incite à favoriser à l’avenir les petites free parties. Le hic, c’est que les préfets ne l’entendent pas tous de cette oreille : « De ce côté-là, on continue à tomber sur des murs », regrette Lionel Pourtau. Le général fait un ultime et rassurant crochet par le stand de Médecins du monde puis quitte les lieux, laissant les teuffeurs profiter sans encombre de leur dernière nuit de musique. Hier soir, la base de Chambley a retrouvé son calme. Par Thomas CALINON, lundi 03 mai 2004 Chambley (Meurthe-et-Moselle) de notre envoyé spécial